Catherine Solaris

Recherches, expériences et réflexions
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L’amour de la différence
Publié par Catherine Solaris dans Réflexions • 2017-02-02 14:03:13
(hommage à Might and Magic 5-6)

Au début de mon adolescence, j’ai joué à un jeu vidéo qui s’appelle Might and Magic : World of Xeen. C’était un jeu d’aventure de style labyrinthe où l’on combat autant de créatures que l’on tente de résoudre des énigmes. Avant tout, l’on devait soit créer son équipe, soit sélectionner l’équipe de base déjà prête à jouer. Parmi les personnages, il y avait plusieurs races possibles, dont : humain, elfe, nain, gnome et semi-orc.

Selon chacune des races, le personnage pouvait être plus efficace dans un rôle ou un autre : guerrier, sorcier, archer, paladin, etc. On devait donc tenter de faire une bonne combinaison en allant chercher les forces naturelles de chacun et en minimisant leurs faiblesses. Pour équilibrer notre groupe, on tentait d’avoir un peu de tout : un personnage fort, un efficace avec la magie, un rapide et capable d’ouvrir des coffres, un autre effectuant des attaques à distance. Mi force, mi magie (might and magic).

Jusque là, tout ça pour moi était d’une logique imparable. Rien à redire dans ce système.

Plus on avance dans le jeu, plus on se rend compte qu’on survit à des dungeons ou qu’on réussit des énigmes grâce aux capacités variées de nos personnages. On se rend compte qu’on avance dans certains secteurs grâce au rôle, à la race ou à la spécialité de l’un d’eux.

Je me souviens de l’image d’une taverne des premières villes. Il y avait un homme bleu foncé, un homme rouge avec les cheveux verts, une femme bleu pâle aux cheveux roux en train de fumer accoudée au bar, un orc (donc vert) attablé avec une personne aux cheveux rouge vif. (J’ai retrouvé l’image et l’ai mise à la fin de l’article!)

Pour moi, cette image était magnifique. Je restais souvent quelques secondes de plus dans la taverne simplement pour la regarder. J’avais l’impression d’y plonger et de vivre avec eux un instant. J’étais hypnotisée et fascinée. Pour moi, la vie normale aurait dû être comme ça. Avec des gens tous différents. Des looks différents, des races différentes, tous réunis sous le même toit, sans bagarre ni querelles. À manger et à boire pour tous!

Nous sommes tous humains et avons une apparence similaire, mais de surcroit nous faisons tout dans le but de nous ressembler. La majorité veut entrer dans la masse, encore plus lorsque l’on fait notre arrivée sur le marché du travail. Fini les T-shirts avec des inscriptions dessus, ou même images, l’on doit se conformer à une identité neutre et uniforme.

Mais au-delà de l’image et de la conformité, j’y voyais aussi autre chose. Un point qui me dérange encore aujourd’hui. Le racisme.

Si pour moi, dans ma tête, un monde avec des races extrêmement différentes pouvaient cohabiter, alors comment se faisait-il que dans la réalité les gens n’arrivaient pas à vivre entre eux. Mon monde utopique décalait grandement avec le monde réel et cela me rendait triste. Je ne comprenais pas les pourquoi et les comment du dénigrement que les gens avaient les uns envers les autres.

Allons même plus loin. Je ne comprenais pas pourquoi l’un était trop gros, l’autre trop petit, l’autre trop laid, et puis celui-là qui était stupide (alors qu’il n’avait peut-être pas encore mis à profit ses compétences véritables), ainsi de suite. Pour moi, chacun avait sa place dans le monde. Comme lors de la création de personnages dans Might and Magic, chacun a son rôle à jouer, chacun est un atout pour l’équipe. C’est de la même façon que je vois les gens dans la vie de tous les jours.

Pourtant notre monde ne fonctionne pas comme ça. Il nous met dans le même moule, demande à des gens très différents d’effectuer le même type de tâches de la même façon (ce qui est impossible dans les faits). Impose un conformiste sous peine de rejet, établi des stéréotypes que les nouvelles générations sont présentement en train de combattre, préserve des préjugés selon des croyances désuètes qui ne devraient plus exister à notre époque.

Comment le dire… je suis extrêmement déçu par notre monde, et ce, depuis longtemps. Si on m’avait demandé de choisir entre ce jeu, où il y a mille dangers, mais aussi mille possibilités versus notre monde réel ici, je n’aurai pas hésité un seul milliardième de seconde. Je serais partie sur-le-champ!

Malheureusement, avant de voir l’un fusionner avec l’autre, des générations vont devoir fouler le sol, car l’humain évolue très lentement. Si la réincarnation existe, alors cela serait ma seule et unique raison de revenir ici : assister à la mise en place de mon utopie, celle d’un monde où chacun a sa place, est unique et en harmonie avec tous.

Catherine Solaris



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